Qu’est-ce que le handisport ?

Le handisport peut se définir de la manière suivante : c’est un sport dont les règles ont été aménagées pour qu’il puisse être pratiqué par des personnes ayant un handicap physique ou sensoriel. Il est intéressant de commencer en mettant en exergue un chiffre clef. D’après l’OMS (organisation mondiale de la santé), 15% de la population mondiale est en situation de handicap.

Le sport pour tous

Michael Steele/Getty Images

Les règles de chaque sport sont aménagées en fonction des spécificités de celui-ci et des conséquences du handicap sur la performance de l’athlète. Cependant, il est important de souligner que chaque personne en situation de handicap est unique et que les activités sportives (AS) doivent être adaptées à ses besoins et à ses capacités. Il est donc difficile de respecter drastiquement l’équité sportive malgré des classifications de plus en plus précises dans les différentes disciplines.

Bien que le handisport soit en développement, les mentalités ont encore du mal à évoluer. Cependant, des pays réalisent de véritables politiques, donnent l’exemple et permettent aux sportifs de faire des compétitions ou le Graal : les Jeux Paralympiques.

Des institutions publiques

Pour permettre au handisport d’avoir une place prépondérante dans la société française, il faut des organismes pour réguler l’ensemble de ces sports. L’une d’elles est la Fédération Française Handisport (FFH). Elle existe sous ce nom depuis 1977. Elle est chargée d’organiser, de promouvoir ou encore de développer les activités physiques et sportives (APS) pour les personnes handicapées.

À savoir, la Fédération a vu le jour en 1954 sous le nom d’Association des Mutilés de France (ASMF) et a observé plusieurs changements de nom. C’est une association reconnue d’utilité publique et membre du Comité Paralympique et Sportif Français, du Comité National Olympique et Sportif Français (CNSOF) et du Comité International Paralympique (ICF).

Le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) est l’instance du mouvement sportif qui dirige, gère et supervise l’ensemble des acteurs qui proposent une offre sportive aux personnes handicapées en France. Elle existe depuis 1992. Le CNSOF est le pendant du CPSF. Créé en 1989, l’IPC est l’organe international. Cette instance a la charge de l’organisation des Jeux Paralympiques.

Ses différentes facettes

Le parasport
Trevor Williams

Avant de s’attarder sur le handisport, il est essentiel de revenir sur deux termes : le parasport et le sport adapté. Le parasport est une contraction des mots « paraplégique » et « sport ». Souvent le sport adapté est omis. Pour remédier à cette conjoncture, le Ministère en charge des sports a décidé que le parasport devient le nouveau terme pour désigner l’ensemble des sports réalisés par des pratiquants handicapés. Tandis que le sport adapté regroupe l’ensemble des sports qui ont pour cible les personnes en situation de handicap psychique et/ou mental.

Handisport individuel

L’individuel concerne l’AS en solo des personnes handicapées. Dans la partie individuel, on peut citer :

Handisport collectif
Victoire lors de l’Euro de rugby fauteuil (Equipe)

On retrouve aussi la pratique collective. Ce sont des sports qui se pratiquent à plusieurs. Nous pouvons ressortir les sports suivants :

Histoire du handisport

Son histoire

Fait souvent omis, il puise ses origines à l’Antiquité. Au cinquième siècle avant JC, le médecin grec Hérodicos de Sélymbrie est un véritable précurseur au niveau de la diététique et de l’importance d’une APS sur la santé. Il a notamment élaboré des exercices physiques pour se guérir de la maladie.

L’industrialisation intensive notamment en Angleterre au XIXème siècle a entraîné de nombreux accidents dans le cadre du travail. Les mineurs ont une place prépondérante dans les métiers dangereux. Après des dizaines d’années de travail, le docteur Nicoll et le physiothérapeute Colson mettent en place un centre de rééducation : « Berry Hill Hall ». Le nombre de mutilés après les Guerres Mondiales va rendre le centre connu. La natation qui permet d’axer le travail sur la mobilité, la coordination ou encore la force musculaire a été l’une des disciplines centrales de ce centre précurseur.

« The Silent Games » est un évènement précurseur qui a eu lieu en 1924. C’est la première compétition internationale regroupant des handicapés. Néanmoins, cette compétition est payante et n’est donc pas très populaire. À savoir au fil des années, la compétition devient gratuite. Aujourd’hui, son nom est la Deaflympics ou encore les Jeux Olympiques des sourds. Par ailleurs, elle se déroule tous les quatre ans.

Les Jeux Paralympiques

Sir Ludwig Guttmann, un neurologue allemand, est un nom essentiel à connaître dans l’histoire du handisport. Après la Seconde Guerre mondiale, il met en place une véritable politique de réinsertion par le sport. Les mutilés de guerre sont atteints physiquement mais surtout psychologiquement. La thérapie par le sport est un précepte que le médecin met au cœur de ses actions.

La XIVème olympiade a eu lieu à Londres, en 1948. Véritable événement international seulement trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’unité mondiale est l’un des points clefs de ces Jeux du « renouveau », on y retrouve 59 nations. À ce moment-là, c’est un record. J’ai réalisé un aparté sur ce moment d’histoire car en parallèle, une compétition regroupant 16 athlètes en chaise roulante se déroule. Ce sont les Jeux de Stoke Mandeville. Cette compétition poursuit un double objectif. Le premier a pour ambition de se servir de la lumière des JO pour montrer que les personnes handicapées ont aussi la capacité de pratiquer du sport. Le second est plus économique, des dons sont récoltés pour continuer à assurer la recherche et le bon fonctionnement de l’hôpital Stoke Mandeville.

Cantonnés dans un premier temps à l’Angleterre, les Jeux de Stoke Mandeville s’internationalisent au fil des années. À Rome en 1960, la compétition prend une nouvelle tournure. Organisée dans la même ville que les Jeux Olympiques italiens, la compétition accueille près de 400 athlètes de 23 nationalités différentes. Pour la première fois, l’ICF est partie prenante de la compétition.

La compétition des Jeux Paralympiques est donc née en 1960 mais puise ses origines plus tôt. Le terme Jeux Paralympiques n’a été officialisé qu’à partir de 1988. Cette appellation est donc rétroactive et commence bien en 1960.

En France

Le handisport a été introduit par Philippe Berthe. De plus, il est le créateur de l’ASMF en 1954 qui est la première instance en faveur du handisport. Son combat durant de nombreuses années a été de se battre pour que des politiques au plus haut niveau de l’État français soient mises en place. À noter qu’il a été combattant durant la Seconde Guerre mondiale durant laquelle il a perdu sa jambe.

À savoir la FFH met en avant 28 sports différents. Il y en a quinze qui figurent au programme des Jeux Paralympiques.

En ce qui concerne les classifications, il est important de dire qu’elles ont évolué au fil des années et des avancées médicales.

« L’idée est de mettre en place des outils scientifiques afin d’objectiver l’analyse technique. Ils ont, par exemple, en natation, calculé toutes les résistances provoquées par les déformations du corps »

Référent FFH

On comprend avec cette citation que l’objectif est d’avoir une homogénéité dans les catégories. C’est pourquoi parfois dans une même catégorie deux personnes n’ont pas le même handicap. En effet, d’après la science et des tests réalisés de façon officielle avant les différentes compétitions l’ensemble des athlètes d’une catégorie sont sur un pied d’égalité.

Il est intéressant de revenir sur le “Paralymquoi”. Pour le grand public, il est compliqué de comprendre toutes les différences de classification. C’est dans cette optique que la FFH en partenariat avec France Télévision a créé « Paralymquoi« . C’est une série de vidéos qui explique pour chaque discipline, les différentes classifications.

Par ailleurs, Lexi est une autre aide de référence. Elle explique avec des schémas les différents handicaps. De manière synthétique, la lettre correspond à la première du nom du sport. Ensuite, plus le nombre est élevé moins le handicap est contraignant pour la pratique sportive.

Ses bienfaits

Il apporte des bénéfices non négligeables pour la vie quotidienne. Bien évidemment en fonction du handicap certaines motricités sont plus ou moins intéressantes à travailler.

Physique

Voici quelques bienfaits sur le plan physique :

  • Amélioration de nombreux aspects grâce une activité régulière
  • Favorisation de l’intégration sociale et professionnelle. Le conseil peut venir d’institutions comme le département. Des projets peuvent être menés en concertation au niveau départemental/régional.
  • Développement de la puissance musculaire, de l’habileté et de l’endurance.
  • Renforcement du système cardiovasculaire et respiratoire
  • Amélioration de la coordination et de l’équilibre
  • Réduction des douleurs et des raideurs musculaires.
Psychologique

Le bien-être est un « état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit ». Le sport est l’une des variables qui permet de l’améliorer.

Voici quelques bienfaits sur le plan psychologique :

  • Amélioration de la santé mentale et réduction du stress. La culture peut aussi être un levier. Celle-ci permet de s’évader.
  • Renforcement de la confiance en soi et de l’estime de soi. C’est essentiel pour faire la démarche de trouver un emploi.
  • Favorisation de l’intégration sociale et professionnelle : conséquence positive d’être bien dans sa tête. C’est un plus dans l’optique de trouver un emploi
  • Développement de l’autonomie et de l’indépendance
  • Réduction de l’isolement social : la sédentarité a un impact souvent sous-estimé.
  • Amélioration de la qualité de vie.
Social

L’intégration d’une personne handicapée dans la vie de tous les jours est essentielle. L’inclusion sociale doit être le but recherché. Le sport remplit un spectre très large d’un point de vue sociale.

Voici des bienfaits sur le plan social :

  • Faire des compétitions permet d’avoir un objectif quotidien. De plus, la rencontre et l’échange avec tes coéquipiers (ou adversaires) en fonction de la compétition est une plus-value.
  • Être inscrit dans une association sportive permet de développer un sentiment d’appartenance à une communauté. Le lien social est ici développé. La partie « conseil » peut aussi se développer à travers les membres du club qui ont des problématiques similaires.
  • Le sport permet de réaliser une réadaptation physique voir une rééducation psychologique notamment dans les clubs. Les deux combinés sont la clef pour s’intégrer socialement.
  • Développement de l’autonomie et de la confiance en soi grâce à l’APS.

Ses défis

À l’occasion de la Journée nationale du sport et du handicap, l’ensemble des acteurs du monde du parasport, reviennent sur les défis à relever. L’un d’eux est que seulement 5,5 % des personnes handicapées pratiquent une activité en club, contre 22,5 % des personnes valides.

C’est en partant de ce postulat que je vais ressortir quelques raisons pour expliquer cet écart abyssal. Avant toute chose, il est important de notifier que certains exemples ne sont pas exclusifs aux handicapés et peuvent concerner une grande partie de la population.

L’accessibilité, un problème généralisé
KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Pour commencer, les personnes en situation de handicap peuvent être confrontées à des difficultés d’accessibilité aux infrastructures sportives. En effet, de nombreux équipements ne sont pas adaptés aux personnes en fauteuil roulant (ou autres). Comment envisager de pratiquer du sport alors qu’on ne peut même pas se rendre sur le lieu ? La réponse est malheureusement idoine.

Par ailleurs, les coûts liés au handisport peuvent être élevés. Dans un premier temps, on peut mettre en avant le coût de l’achat de matériel spécifique. Par exemple, l’achat d’un fauteuil roulant pour pratiquer du basket va demander des moyens élevés.

En outre, les personnes en situation de handicap peuvent être confrontées à des préjugés et des stéréotypes négatifs de la part de la société. Ces préjugés peuvent se traduire par une sous-estimation de ses capacités. L’effet boule de neige fait que cela engendre une discrimination dans l’accès aux équipements sportifs. Dans la même veine, les handicapés peuvent également être confrontés à des barrières psychologiques qui empêchent de se lancer dans la pratique du handisport.

La santé, un frein qui doit avoir une aide extérieure

Enfin, ils peuvent être confrontés à des problèmes de santé qui peuvent limiter leurs capacités à pratiquer une APS. C’est là où la médecine du sport rentre en jeu. Depuis 2017, le sport sur ordonnance se structure pour amener la personne à la discipline adéquate. Pour en savoir plus, n’hésiter pas à lire l’article sur les Maisons Sport-Santé.

Pour aller plus loin, il faut savoir que selon une étude (mars 2023) du Conseil économique, social et environnemental (CESE), seulement 20 % des personnes handicapées pratiquent une AS régulière. Il est donc essentiel que l’État décide de mettre en place une véritable politique publique pour que la place du handisport change.

Quelles sont les solutions ?

Cérémonie d’ouverture/Jeux Paralympiques

La sensibilisation du public à l’importance du handisport est un élément-clef pour son développement. Les médias ont un rôle important à jouer dans cette quête. Pour cela, la diffusion d’évènement handisport est un point prépondérant. Je trouve cette donnée intéressante : lors des Jeux Paralympiques 2020 Tokyo : plus de 100 heures de direct ont été diffusées par France Télévisions sur la F3 et la F4. Il reste encore beaucoup de travail à titre de comparaison en 2012, les Anglais ont eu le droit à 150 heures de direct. Les horaires et le lieu sont deux variables qui peuvent expliquer cet écart.

La visibilité, la clef
Logo du mondial d’athlétisme

Néanmoins à part les Jeux paralympiques, il n’y a quasiment aucune compétition diffusée en clair. Lors de diffusions de marathon notamment dans la ville de Paris, on peut voir certains athlètes handisports qui partent en amont.

Les prochains Championnats du Monde para-athlétisme vont avoir lieu du 8 au 17 juillet 2023 à Paris. L‘Equipe est un acteur majeur de cette prochaine compétition. Leur objectif est d’avoir une couverture digne des plus grandes compétitions.

« Ces Championnats du monde font partie des Grands événements sportifs internationaux (GESI) de ces prochains mois au même titre que la Coupe du monde de rugby, les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques de Paris« 

Laurent Prud’homme, Directeur général du groupe

Cette semaine d’épreuves va permettre de mettre en place une véritable politique pour la sensibilisation. Les réseaux sociaux vont évidemment jouer un rôle prépondérant dans cette stratégie qui doit être multimodale.

En outre, le tissu sportif doit être mis en avant. Toutes les personnes qui permettent quotidiennement aux sportifs de réaliser leurs performances doivent avoir une place centrale durant les diffusions. En outre, l’ANS réalise une nouvelle stratégie avec une formation centrée sur la proximité. Le budget départemental doit donc être conséquent afin d’avoir une organisation la plus proche possible des pratiquants. Pour avoir une « force de frappes », le budget régional doit être aussi grand.

La technologie, une réelle aubaine ?
Bryn Lennon/Getty Images

Par ailleurs plus tôt dans ce texte, j’ai mis en avant le prix excessif de certains matériels. Dans la même lignée, on peut dire que la technologie révolutionne continuellement la pratique. Par exemple, avoir un fauteuil dernier cri très maniable permet d’appréhender la compétition para de la meilleure des manières.  On peut même se demander si la recherche technologique est une bonne chose pour l’équité sportive ?

Pour qu’une personne aille faire du sport, avoir une personnalité qui nous inspire est un plus non négligeable. Il est prouvé que lorsqu’un sportif ou une équipe performe lors de compétitions retransmises en clair, la rentrée suivante le nombre de licenciés augmente. Le handisport ne doit pas échapper à la règle.

Le financement doit être une partie où le monde du sport doit travailler et donc par ricochet le monde de l’handisport. L’Agence Nationale du Sport a une politique de subvention avec une augmentation dans l’optique des JP de Paris 2024. Le privé doit être une variable à actionner de manière plus importante. Le partenariat ou le sponsoring sont les deux aspects les plus souvent utilisés. Les acteurs doivent mettre une stratégie pour que les moyens privés soient plus importants. De plus, l’argent doit être mis sur toutes les strates notamment dans le handisport loisir.

Pour conclure, les Jeux Paralympiques doivent être la pierre angulaire d’un plan massif (accessibilité, formation, médiatisation, professionnel…) pour mettre les personnes handicapées au sport. Les institutions publiques doivent comprendre que c’est une aubaine pour la santé, le social, la psychologie, la confiance en soi… pour l’ensemble des Français et en particulier les personnes en situation de handicap.

Pour pratiquer du handisport, n’hésitez à consulter l’ensemble des sports que nous proposons sur Mobby.


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